La chute constante du prix du lait

Depuis plus de cinquante ans, en déduisant l’inflation, le prix du lait de vache standard a subi une baisse de près de 40%. Quand en 1960, 1 000 litres se vendaient autour des 600 €, en 2020, ils ne se vendent dorénavant plus qu’autour des 370 €. Une baisse ayant des conséquences désastreuses sur le revenu des éleveurs et sur l’inexorable accroissement des volumes produits pour combler ces pertes.

Comment cette chute constante qui dure depuis un demi-siècle a-t-elle pu prendre une telle ampleur ? L’explication se dévoile en analysant plusieurs périodes clés qui ont scellé le destin du prix du lait de vache aujourd’hui.

Tout d’abord, entre les années 60 et les années 80, on constate une nette augmentation des volumes, devenant plus importants que la demande intérieure. C’est à l’initiative de l’instauration de la politique agricole commune (PAC) en 1962, politique volontariste qui faisait bénéficier dans un premier temps aux producteurs, d’un prix de vente du lait supérieur à celui en vigueur sur le marché mondial. Cette mesure a eu pour effet de faire accroître les volumes produits pour réaliser plus de profits, mais dans le même temps, a rendu l’offre supérieure à la demande qui débouchera sur une crise de surproduction.

Un retour à la normale est opéré entre les années 80 et 90. L’union européenne instaura des quotas laitiers en 1984. Ces quotas visent à maîtriser la production des volumes pour réguler les prix et ainsi le stabiliser. Jusqu’en 1992, les prix ne baissent plus que de 6%, témoignant d’un retour à une stabilité.

Enfin, entre les années 90 et aujourd’hui, c’est à la libéralisation que l’on doit ce retour d’une dérégulation prononcée du prix du lait de vache. La politique de libre-échange faisant baisser les droits de douane, les quotas jusqu’alors en vigueur sont démantelés en 2007. S’ensuit une baisse inexorable en raison de l’absence de régulation, nous amenant à la situation que l’on connaît aujourd’hui.

Une baisse du prix de vente poussant à l’augmentation des volumes

Cette érosion générale du prix de vente du lait au producteur ne donnait pas d’autres choix à ceux-ci que d’augmenter la production des volumes. Une tendance générale qui, nous l’avons vu, est un véritable cercle vicieux n’ayant pour effet que d’alimenter cette baisse sur le long terme. Simplement, cette augmentation de production a d’autres conséquences que l’unique baisse des prix.

L’augmentation de la production de lait par actif, ne peut avoir lieu qu’en augmentant la production de ses vaches et en augmentant la taille de son bétail. Ces augmentations veulent aussi dire une plus grande dépendance auprès des fournisseurs en alimentation par exemple. Le producteur perd en autonomie, doit s’équiper davantage s’il augmente la taille de son bétail et travaillera plus qu’auparavant pour assurer son nouveau volume de production. Un train de vie qui n’est pas tenable sur le long terme.

Enfin, cette surproduction a aussi des conséquences pour l’environnement. Concentrer plus d’animaux au même endroit augmente les risques sanitaires. Concentrer un haut volume d’alimentation tournant autour de quelques aliments fera souffrir la biodiversité. Enfin, les sols souffriront aussi de cette surproduction. Il ne pourra pas se renouveler assez rapidement de manière naturelle.

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