La tradition viticole est peu ou pas du tout répandue dans les régions de Bretagne et Normandie. On parle plus de cidre, de poiré ou encore de calvados qui mettent à l’honneur la pomme et la poire. Pourtant, depuis quelques années, des vignes poussent à bon rythme sur des terres situées à l’ouest. Rencontre avec son spécialiste, Aurélien Berthou.
Plus de 600 pieds viennent d’être fraîchement plantés sur un hectare de terre situé entre Brest et Nantes. Si un tel paysage paraît surréaliste dans ces régions, au XIXe siècle, 2 000 hectares de vignes jonchaient les terres du Morbihan, nous raconte Aurélien Berthou. Le vin qui y était produit avait la particularité de procurer des effets secondaires comme s’il rendait fou ceux qui en buvaient. En réalité, ce vin produisait du méthanol, ce qui le rendait particulièrement dangereux pour les consommateurs. Il a ainsi été interdit et les plants ont été arrachés après la Seconde Guerre mondiale. Il a fallu donc attendre plus de 75 ans avant de revoir des plants de vigne plantés sur un total de 30 hectares, regroupant près de 50 projets de vins différents dans la région.
Le principal enjeu d’Aurélien Berthou et de sa filière est de produire avant tout un vin de qualité qui puisse se démarquer face à la concurrence. Un engouement général est perceptible autour du développement de cette production viticole. Le lycée Kerplouz ouvre même à la rentrée prochaine une classe spécialisée en formation viticole, une première pour la Bretagne. Cette formation d’un an formera entièrement des personnes à cultiver, produire et vendre du vin. La région souhaite rapidement gagner en crédibilité par rapport à ce secteur et s’en donne les moyens.
Un climat contre toute attente favorable pour la production de vin
Aurélien Berthou est un véritable spécialiste de la viticulture qui a longuement mûri son projet pour qu’il puisse voir le jour dans les meilleures conditions. Le point le plus important à éclaircir au cours de cette installation était celui du climat et de sa comptabilité avec le développement des vignes. Les différents relevés effectués à chaque saison ont estimé que les températures hivernales étaient assez douces, le gel est peu présent grâce à la côte et les tempêtes de grêle sont très rares. La plus grande menace reste les épidémies de maladies telles que le mildiou ou le botrytis.
Ainsi, contre toute attente, le climat breton et normand apparaît être propice pour réaliser de bonnes cuvées. Cependant, selon Aurélien Berthou, il faut garder les pieds sur terre. Le climat n’est pas non plus optimal comme il peut l’être dans d’autres régions de France. Il faut avant tout s’assurer un rendement minimal pour pouvoir vivre en utilisant des plants résistants.